C'est le cœur et la tête plein d'espoir que je suis allée faire ma prise de sang après ces 13 longs ... très longs jours d'attente. N'ayant pas mes règles et des sensations corporelles bizarres on y croyait plus que jamais. Nous avions tout bien fait (nouveau centre PMA, ostéo, sophro, lecture, psy, alimentation ...), nous avions vu de multiples signes positifs qui présageaient le bonheur (vol de cigognes, les dates qui tombent bien et étaient significatives pour nous).
Je parlais à ces deux petits bouts de vie ... j'en rêvais ... je m'imaginais maman de jumeaux ... nous parlions de l'annonce de la grossesse ... on commençait à calculer les dates ... à parler des prénoms qu'on a en tête depuis si longtemps ... Oui, a 37 et 33 ans on y croyait, c'était notre tour après 5 années de galères ... et puis, c'était la dernière FIV donc il fallait qu'elle marche. Plus les jours passaient, pas de signes de règles alors l'espoir (et le stress) montait. J'attendais cette prise de sang pour confirmer cette grossesse car j'en étais certaine je portais la vie en moi.
Et là, c'est l'effondrement ... l'anéantissement ... l'incompréhension ... la colère .... et le besoin d'écrire à chaud ce petit article. Oui je suis en colère après la vie. Je ne comprends pas ce qui se passe. Nous n'avons aucun problème de santé déterminant, la médecine est optimiste depuis le départ à la lecture de notre dossier, on s'aime, on s'aime, on s'aime m**** alors ! On veut fonder notre famille !
Je pense à toutes ces souffrances passées et je regarde l'avenir qui semble n'être que souffrance ...
Pour se relancer dans un suivi PMA il va falloir demander une dérogation à la sécu de notre département et je sais qu'elles sont rarement acceptées. Une FIV 5 qui fonctionne ou un échec de plus ? Que faire .... Je suis épuisée, découragée, profondément triste. Nous risquons donc de ne jamais pouvoir avoir notre enfant (biologique).
L'adoption ? Nous avons déjà été à la réunion d'information du Conseil Général ... mais nous avions mis le dossier en attente car nous comptions bien sur cette FIV 4. Et oui, nous voulons concevoir notre enfant, nous pensons que c'est possible ... et l'adoption est une autre forme de parentalité. Là aussi la procédure est longue et terriblement difficile ... là encore, épuisement, déception, tristesse.
Je me sens vide. Je me questionne sur ma vie de femme. Vais-je un jour vivre une grossesse donner la vie à un petit être ? Je me sens limité, je n'arrive pas à porter la vie en moi, il me manque l'essentiel ... l'impression d'être responsable, de rendre triste l'homme que j'aime. Il pleurait tellement ... lui aussi il pensait que c'était à notre tour.
Je trouve la vie injuste et illogique ... moi qui pourtant crois en la destinée et qui ais beaucoup d'espoir, de force et de volonté et bien là maintenant je suis désarmée, déstabilisée, affaiblie.
Je travaille depuis des années en Protection de l'Enfance, autant vous dire que je vois énormément de familles et d'enfants en souffrance. Je vois des enfants placés, abandonnés, des parents en détresse ou maltraitants .... des femmes qui enchaînent les grossesses et rejettent leurs enfants ... des adolescentes qui multiplient les IVG ... Bon ok, je suis à chaud là donc franchement pas rationnelle et objective mais j'ai envie de crier, d'hurler !!!!
Etant donné que mon entourage ne sait rien une fois encore je ne peux crier que via le net, et via ce blog. Je suis désolée si vous me lisez d'être aussi noir. En même temps, je sais aussi que pour me comprendre là maintenant il faut avoir vécu ce genre de même sensation via ce parcours infernal.
Ce chemin mène au plus grand des bonheurs ou à la plus grande des tristesses. Qu'est ce qui fait telle ou telle issue ? Comment trouver la fin heureuse de ce chemin atypique ?